Exposition

Philippe Lamoussière expose ses tableaux au coworking

Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique et de ce qui vous a inspiré à devenir artiste ?

J’ai baigné dès mon enfance dans ce milieu. Je voyais mon oncle peindre et faire des expositions. C’était à Moulins. Antoine Lamoussière faisait des paysages assez mélancoliques d’inspiration post-impressionniste. Son atelier me paraissait un lieu mystérieux et j’ai grandi entouré de ses peintures. Dans la famille, nous avons tous une « sensibilité », comme on dit, un bon « coup de crayon » : mon père, mon frère, maintenant, ma nièce… Mon grand-père collectionnait aussi les objets d’art.
Naturellement, je me suis dirigé vers des études artistiques. J’ai passé ma maîtrise d’arts plastiques à l’université de Saint Etienne en 1994. Puis mon CAPES. Et j’enseigne au collège depuis 25 ans maintenant.

Comment décririez-vous votre style artistique et les techniques que vous utilisez dans votre travail ?

Ce sont des dessins en noir et blanc très gestuels, de facture assez nerveuse, aux contours incertains, entre figuration et abstraction. Les formes ne sont cernées par aucun contours et ne sont constituées que de traits grossiers. C’est le clair-obscur des noirs très denses et des blancs qui donnent à voir des formes.

Quelles sont les principales sources d’inspiration derrière votre exposition actuelle ?

Je ne peux pas dessiner sans modèle. J’ai besoin d’un support visible. Un paysage, un corps, un visage, un objet d’après nature ou d’après photo. Pour « Cheminance », le point de départ, c’est le chemin. Je vis dans les monts de la Madeleine, en basse montagne, à la croisée de la Loire, du Puy de Dôme et de l’Allier et j’ai beaucoup arpenté les chemins et sentiers autour de chez moi. Je dessine tantôt sur place dans des carnets à croquis ou je prends des photos qui sont ensuite exploitées dans mon atelier.
Marcher a toujours été source d’inspiration et croiser des chemins m’évoque à chaque fois le passage, la trace , la fuite vers le lointain ou vers une destination mystérieuse… Ils sont pour moi ce qui représente à la fois le désirable et l’effrayant, le domestique et le sauvage…

Comment choisissez-vous les matériaux et les supports que vous utilisez dans votre art ?

Je ne les choisis pas vraiment délibérément. J’essaie. La rencontre se fait ou pas. Par exemple, j’ai commencé à la mine de plomb, puis j’ai découvert un pastel sec, dit « à l’écu », très pigmenté, très dense qui m’a immédiatement plu. Puis je suis retourné au fusain, plus classique. Le stylo bille, qui n’est pas fait pour le dessin à l’origine, est aussi un outil que j’affectionne particulièrement pour les petits formats. De même pour le papier sumi-é qui est un papier japonais, pas très lumineux, assez fibreux, réservé à la calligraphie et que j’ai détourné pour du dessin à la craie. Ce qui n’est pas sans poser parfois quelques problèmes techniques. Certains papiers au contraire très blancs se prêtent bien à mes grands formats, les papiers recyclés gris sont plaisants pour les miniatures…

Y a-t-il des artistes ou des mouvements artistiques qui vous ont particulièrement influencé ?

C’est difficile d’expliquer d’où ça vient. Je crois qu’on est imprégné inconsciemment de plein de sources. La première qui vient à l’esprit est Alberto Giacometti, peut-être Jackson Pollock, mais sans doute aussi les Expressionnistes du début du 20e siècle comme Otto Dix ou plus récemment Arnulf Rainer. La poésie de Raimbaud m’inspire aussi, celle de René Char ou du jeune chanteur de Feu Chatterton et poète Arthur Teboul.
Mais bien que je dessine des chemins, je crois que ces paysages sont plus expressionnistes que naturalistes. Je ne cherche pas à représenter avec exactitude ce que j’ai vu, mais plutôt, ce ça m’évoque. Et tant pis, si l’on ne voit plus de chemins dans mes dessins (ou tant mieux !).

Parlez-nous du processus de création de votre exposition actuelle. Comment avez-vous commencé et quelle a été votre approche créative ?

Au début, dans mon geste répétitif de gribouillage, je me suis rendu compte que je comptais les traits : mesure vaine au regard de la charge imaginaire de ces  » paysages » . C’est pour ça que certains titres sont accompagnés d’un chiffre (mesure en centimètres correspondant à la distance qu’a parcouru ma main pour dessiner ces chemins).
D’autres dessins (les plus petits) débordent de la limite qui leur ont été assignés : le scotch-cache ne parvient plus à contenir les traits qui prolifèrent, telle une végétation sauvage…
Les grand formats (dépassant 1m2) sont des dessins débordant sur des châssis très épais. Cette épaisseur revendiquée me paraît nécessaire pour donner un poids, un corps à mes dessins. De même, la séparation de certains d’entre eux en dyptique leur confère une « présence » particulière et leur permet de « respirer » davantage.

Pouvez-vous nous parler de vos projets futurs en tant qu’artiste ? Avez-vous d’autres expositions ou travaux en cours ?

Je m’essaie actuellement à la gravure. C’est un moyen d’expression très intéressant, car on ne maîtrise pas tout dans le processus d’impression. Il y a une part de surprise au tirage. C’est magique, un peu comme la photo argentique.
Le thème travaillé est toujours autour du végétal.
Et comme le chemin est un thème inépuisable, j’essaie d’autres supports papier, mêlant peinture et dessin.
Ayant fait une exposition au mois de mai dans la Loire, il faut que je renouvelle mon stock et propose d’autres choses…

Comment percevez-vous le rôle de l’art dans la société ?

Bien sûr, je suis intimement convaincu que l’art sous toutes ses formes est un pilier de notre société. Il est ce qui permet à une civilisation de rester en équilibre, de ne pas sombrer dans l’obscurantisme. L’art est facteur de progrès (pas seulement économique) car il engendre des réflexions, provoque des débats, en même temps qu’il permet une catharsis, c’est une soupape. En fait, c’est un peu comme ces succédanés plein de vitamines et d’oligo-éléments ! Il protège, prévient, nourrit, renforce et peut soigner tout à la fois. L’art est un alicament, en somme !
Faisant partie aussi d’une troupe de théâtre, je le constate régulièrement. Les gens ont besoin de sortir, de se rencontrer, d’échanger de se confronter parfois ou de partager quelque chose autour d’une oeuvre. Même si elle ne fait pas consensus.
Il ne faut pas que les crises successives que nous traversons aient raison de ça.
En tant que professeur d’arts plastiques, c’est ce que j’essaie de transmettre à mes élèves…

Enfin, où les personnes intéressées peuvent-elles en savoir plus sur votre travail et votre exposition actuelle ?

Je dois refaire une page facebook/instagram, mais en attendant, je peux être joint à plam6942@gmail.com. Si besoin, j’ai un catalogue numérique à disposition.